lundi 11 janvier 2010

Les distances

Et lentement les temps ont bougé. Il est des choses qui ne se meuvent que lentement ; et tel un sourire planté tristement sur des lèvres abandonnées, miment impénétrables des abîmes de plaisir. Oui, enfin, ce mot naît, timide encore, mais présent toujours. Ce mot naît et s'ajoute, bousculant tendrement les sentiments alignés, au lexique incomplet de ses jeunes pensées.
Car tel était sont but et échappatoire : créer des illusions grammaticales et vivre des métaphores euphoriques. A travers de cette création de champs lexicaux, comme de fleurs parsemées, elle éprouvait certaines gammes de petits frissons, de catégories bien définies et sélectionnées de frissons. Ceux que j'aime...
Ainsi, quand les temps se sont mis lentement à montrer une volonté, propre, de vivre enfin, de s'animer sans doute, ils ont fait miroiter en elle quelques frissons plus grisants que ceux qu'elle avait connus jusque là.
Et en une novice incongrue, se découvrant des nouveaux grains de peau et d'autres touches impensables et creux irreligieusement encrassés, elle divague aux mots nouveaux, comme aux notes négligemment envoyées aux oreilles néophytes.
Une fois les temps ayant pris goût au plaisir langoureux de courir en plein vent, les images se sont animées dans une attente inimaginable de frissons dépendants. Et sur les lèvres impropres au mouvement s'est inscrite une moue extravagante. Une grimace en dessin pourvoyant un aspect d'irrespectueuse amante la basculait en une catégorie fusante de frissons incontrôlables.
Entre les heures et les interstices de ce nouveau paramètre, il lui a fallu immiscer de nouveaux jeux comme de nouvelles expériences. Et découvrant peu à peu à en apprécier les saveurs et à en délecter les recoins sans retenue aucune. Et la naïveté en devient presque sensible en s'imposant ici.
Elle aime se surprendre elle-même à l'adaptation immédiate et dangereuse à la fois. Car brusquement, les temps ont bougé. Car en un seul instant, elle a vu se développer son illusion ; elle s'est surprise éprise de ce mot : plaisir.
Mot nouveau en pure essence.
Mot accroché, par les vents parcourus, tout en élégance élancé.
Elle et le plaisir et l'histoire infinie.
Le plaisir jurait avec le trop court.
Entre le long et le plus court, j'aime ces distances indescriptibles... que les temps, capricieux, nous imposent. Ou qu'elle avant avait apprivoisées, comme tentatrice inconsciente d'un désir lexical. Ou qu'elle avant avait dompté le plaisir en désir ; et au plaisir de naître enfin en une identité somptueuse.
Car il était une belle en puissance. Et par son vocabulaire féerique, fabuleux monde, elle se dessine.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire